Agriculture, Règlementation

LMR & Agriculture biologique

Limite Maximale de Résidus et Agriculture Biologique… Faisons le point!

Kézako

Toutes les denrées alimentaires destinées à la consommation humaine ou animale dans l’Union européenne (UE) sont soumises à une limite maximale pour les résidus (LMR) de pesticides afin de protéger la santé animale et humaine. La législation européenne règlemente les LMR qui s’appliquent aux différents produits et établit une LMR par défaut lorsqu’aucune LMR spécifique n’existe.

Elles sont fondées sur les bonnes pratiques en agriculture et l’exposition minimum du consommateur, nécessaire à la protection des consommateurs les plus vulnérables.
Le règlement (CE) n° 396/2005 harmonise au niveau communautaire les LMR des pesticides autorisés dans les produits d’origine animale ou végétale destinés à la consommation humaine ou animale.

La fixation de limites maximales de résidus de pesticides dans les denrées d’origine végétale prend en compte les réalités agronomiques mais aussi les exigences toxicologiques.

Pour s’assurer que les LMR définies pour un pesticide respectent la sécurité du consommateur, on effectue un calcul suivant :

  • On considère que chaque fruit, légume et céréale pour lesquels une autorisation de mise sur le marché du pesticide a été délivrée, contient la teneur maximale autorisée en résidu de pesticide (hypothèse maximaliste).
  • On fait la somme de ces résidus potentiels en prenant en compte le régime alimentaire de toutes les catégories de populations y compris sensibles comme les bébés de quatre mois et les enfants.
    La quantité de pesticide théorique ingérée est alors comparée à la dose journalière admissible (DJA) qui correspond à la dose sans effet (ne provoquant pas de maladie), obtenue après études de toxicité sur animaux (métabolisme, cancérogénèse, mutagénèse…).
  • On ajoute des facteurs de sécurité pour tenir compte des variations de comportement possibles entre les hommes et les animaux et entre les divers groupes de population.

“Dans tous les cas les LMR sont établies de façon à rester bien en deçà des seuils toxicologiques, c’est-à-dire de manière à ce que les quantités de résidus qu’un individu est susceptible de retrouver quotidiennement dans son alimentation ne soient en aucun cas toxiques, à court et à long terme.
Les études conduites par l’Autorisé européenne de sécurité alimentaire (AESA) et par l’Agence française de sécurité sanitaire (ANSES) indiquent par ailleurs que l’ingestion de résidus de produits phytopharmaceutiques restent nettement en dessous de la dose journalière admissible et qu’il n’y a donc pas de risque de toxicité pour le consommateur.”

Humhum, bref bref

Pourquoi on en parle maintenant?

Parce que les seuils limites ont été revus à la baisse récemment pour l’Etoxazole et le Bifénazate notamment (utilisés comme acaricide pour la production de houblon dans certains pays) et que la mise en application de ces nouveaux seuils est effective à partir d’avril 2024.

Ok, et pour moi?

Et bien vous qui avez fait le choix de travailler avec des productions labellisées “Agriculture Biologique”, vous n’êtes pas concerné.e.s!

Les LMR sont les limites applicables aux produits conventionnels.

Les produits labellisés BIO ne doivent pas contenir de résidus de produits chimiques. C’est le principe.

Donc 0 résidus dans la Bio, c’est ça?

Oui. Presque. Mais les surfaces en Bio ne sont pas sous cloche…

Certaines enquêtes ont pu déceler des traces de contaminants dans des aliments bios. Elles sont bien sûr toutes inférieures aux Limites Maximales de Résidus (LMR) fixées par la réglementation européenne. Selon le dernier rapport de l’EFSA, (Autorité européenne de sécurité des aliments), agence indépendante chargée de l’évaluation des risques dans le domaine des denrées alimentaires, 88 % des produits bio sont exempts de résidus de pesticides quantifiables.

Les professionnels de la bio ne peuvent, pour le moment, pas garantir de vendre des produits totalement exempts de résidus de pesticides chimiques de synthèse, notamment en raison de la trop faible proportion de surface bio en France (10,5% des terres agricoles).

De plus, des polluants sont encore présents notamment dans les sols et dans l’eau pour de nombreuses années, quand bien même ils ne sont plus utilisés.

En revanche, les agriculteurs bio s’engagent à mettre tout en œuvre pour se protéger des contaminations environnementales par :

– la plantation de haies, le respect de distances de séparation entre cultures, réalisation d’analyses…

– un contrôle rigoureux de leurs produits (au moins un contrôle par an obligatoire sur site et des contrôles inopinés). Ces contrôles peuvent conduire à des déclassements en cas de détection de traces de pesticides.

Le respect du cahier des charges bio (les différents textes sont utilement listés ici) a un impact direct sur les résidus de pesticides que l’on peut détecter sur le produit final. Si des résidus sont détectés dans 42 % des aliments en France, en bio le taux est de 12%. https://efsa.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.2903/sp.efsa.2021.EN-6487

Une étude du FIBL fait un état des lieux de la littérature scientifique sur les voies de contamination involontaires des aliments biologiques par des pesticides synthétiques en Europe :  contamination croisée par le ruissèlement, par l’air, croisement avec des produits traités dans les installations de transport, de stockage ou de transformation, dérive de pulvérisation et sol contaminé. Les sols gérés biologiquement présentent moins de pesticides et des niveaux de résidus de pesticides plus faibles que les sols gérés conventionnellement. Les concentrations de résidus sont inférieures de 70 à 90 % dans les sols gérés biologiquement. . https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749122013306.

En Europe 455 substances pesticides sont approuvées (en 2021) dans le règlement 1107/2009  substances . Le règlement Bio en autorise seulement 59, soit environ 13%. En France 10,5% des surfaces sont cultivées en bio avec 87% des produits chimiques autorisés qui sont interdits par le cahier des charges.

Work in progress comme on dit… Votre choix de produire sous Label Bio et notre travail, entre autres, contribuent à soutenir une agriculture plus respectueuse et régénérative. MERCI

Sources:

https://agriculture.gouv.fr/maitrise-des-produits-phytosanitaires-limites-maximales-de-residus-lmr

https://eur-lex.europa.eu/FR/legal-content/summary/pesticide-residues-in-food-and-animal-feed.html

Site internet de l‘Agence Bio

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