BIO, Combat

SAUVONS LA BIO

Un collectif s’est monté pour défendre l’agriculture biologique et parce que trop c’est trop, HOPSTORE se joint à eux. Et vous?

D’où vient le label HVE?

Nous sommes au Grenelle de l’environnement en 2007 et constat est fait que le respect de la biodiversité et de la ressource en eau doivent davantage être pris en compte dans les pratiques agricoles. Hors ces deux points précis ne font malheureusement pas partie du label BIO dont le cahier des charges ne peut être modifié d’un coup de baguette magique puisqu’il s’agit d’un label européeen depuis 1991. Proposition est alors faite d’en créer un nouveau, franco-français: le label à Haute Valeur Environnementale qui entre en application en 2012.

Pour bien comprendre, rappelons que ce label se décompose en 3 niveaux:

  1. Niveau 1: respect de la règlementation agricole en vigueur
  2. Niveau 2: invite à reconnaître et identifier les zones de biodiversité sur l’exploitation (haies, …)
  3. Niveau 3: C’est ce niveau qui est certifiant, pour une durée de 3 ans, et permet au fermier d’uiliser le logo HVE, il se décompose en deux options possibles
    • OPTION A: “consiste en un cahier des charges comportant des exigences en matière de biodiversité, de stratégie phytosanitaire, de gestion de la fertilisation et de l’irrigation. Pour chaque catégorie, divers indicateurs évaluent la « performance environnementale » de l’exploitation”.(source).
    • OPTION B: cette option avantage les exploitants qui “tournent” bien puisqu’elle regarde le ratio – qui ne doit pas dépasser 30% – entre le coûts des intrants et le chiffre d’affaires de la ferme

Tous les détails sont par ici. Enjoy

HVE: un label à très faible valeur

Source: article de Reporterre

Ce label est trop peu exigeant! Il suffit d’au moins 10% de la surface totale de l’exploitation consacrée à la biodiversité pour prétendre au label. Ces zones de biodiversité peuvent être des haies, des bandes enherbées, des ruches,… En bref, il suffit de ne presque rien changer et simplement comptabiliser l’existant pour se targuer d’avoir une exploitation à “Haute Valeur Environnementale”. C’est une honte et un abus.

Et sur ce point, il n’y a pas débat:

La Cour constate que, dans tous les domaines, l’action du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire n’est pas en mesure de répondre aux ambitions affichées. Elle alerte les pouvoirs publics sur le manque de communication relatif aux impacts bénéfiques du bio, et surtout sur l’illisibilité des labels qui contribue à la baisse des achats d’aliments bio en 2021 face à la concurrence croissante de labels « verts » moins exigeants – comme la mention valorisante « haute valeur environnementale » (HVE).

Rapport de la Cour des Comptes sur le soutien à l’Agriculture Biologique

Alors on pourrait dire comme certains “oui mais c’est un début,…” et bien non, même pas.

“Le problème est que le label HVE, qui était originellement conçu comme une marche vers la bio, est devenu une finalité pour beaucoup d’acteurs. Alors qu’il reste bien insuffisant face au défi écologique. »

Cécile Claveirole, Chargée du réseau Agriculture à France Nature Environnement

Abus et Concurrence Déloyale

Ce label aurait pu être intéressant car il prend en compte des facteurs qui manquent cruellement au label Bio, il faut bien le reconnaître.

Un abus pour le consommateur

Mais il suffit de presque rien pour apposer un joli logo sur des produits et faire croire au consommateur que les pratiques qu’ils représentent sont vertueuses: «Le nom HVE renvoie à une notion d’excellence dont on n’est pas sûr qu’elle soit au rendez-vous, juge Charles Pernin, délégué général du syndicat professionnel Synabio. Il y a un risque de confusion pour le consommateur.»

Avec ce logo bien markété, les consommateurs sont tentés de penser que les produits sont respecteux de notre santé et de notre environnement. D’ailleurs sur le site de l’association, il est indiqué que:

À l’issue du processus de certification, la mention “Haute Valeur Environnementale” atteste de domaines et d’exploitations qui :

  • Encouragent la biodiversité afin d’offrir un réseau complémentaire aux cultures
  • Préservent la vie des sols pour maintenir le vivant et la fertilité des parcelles
  • Développent des synergies positives avec l’environnement naturel des cultures
  • Favorisent le développement d’une faune utile, dont les précieux pollinisateurs

Une vaste blague.

D’autant que les prix de vente étant bien inférieurs à ceux des produits labellisés Bio (en toute logique puisqu’ils n’en n’ont pas les caractéristiques), en ces temps d’inflation les produits HVE sont favorablement accueillis par nos porte-monnaie: en achetant un produit HVE, le consommateur a l’impression de soutenir une démarche de qualité et de respect à un coût raisonnable alors qu’il n’en n’est rien!

Et ce n’est pas tout!

Des fonds publics qui pourraient aller à la Bio

Bien que le label ait eu du mal à démarrer, le gouvernement annonce un objectif ambitieux de 50 000 exploitations engagées d’ici 2030. Et pour encourager davantage d’agriculteurs à suivre cette voie, la loi de finances 2021 prévoit un crédit d’impôt d’un montant de 2.500 euros destiné aux exploitants certifiés HVE. Coût total pour les finances publiques : 76 millions d’euros. Rien que ça!

Alors que dans le même temps, la Cour des Comptes souligne que “les aides de la politique agricole commune (PAC) que la France consacre à l’agriculture bio ne sont pas à la hauteur des objectifs qu’elle s’est fixés. La moitié de l’enveloppe a été consommée dès la première année de la programmation démarrée en 2015. En 2017, l’aide au maintien en agriculture bio a été supprimée, alors qu’elle rémunérait les services environnementaux de ces exploitations. Ainsi, un quart des exploitations bio ne touche pas d’aides de la PAC. ” (Rapport de la cour des comptes).

Dommage! Quand on pense que les objectifs de la France sont d’atteindre 18% des surfaces agricoles en BIO en 2027 et 25% des surfaces en BIO à l’échelle de l’UE en 2030! Mais sans doute que nous ne sommes plus à une incohérence près…

Bref, il faut réagir

Nous en faisons la difficile expérience et peut-être que vous aussi, la filière BIO est au ralenti depuis plusieurs mois maintenant. Mais pas les HVE! Diminution de 7% pour la première et augmentation de 8% pour la seconde (Chiffres présentés dans l’émission SURLEFRONT sur France 5) !!! Si nous ne voulons pas qu’elle disparaisse, il faut réagir!

Le label BIO n’est pas parfait et il a des lacunes c’est absolument certain. Mais il reste le plus exigeant malgré tout et pointe dans la bonne direction: les producteurs et productrices doivent être encouragé.es à faire ces efforts et les consommateurs et consommatrices informé.es de ce qui existe.

En parallèle, donnons de la voix: un collectif s’est créé initié par 3 professionnels de la filière bio : Simon Le Fur (Aventure bio, grossiste), Philippe Delran (Biolinéaires, éditeur), Jean-Christophe Bernard (MoRice, marque bio) pour dire STOP au mépris de la Bio et nous nous joignons à leur combat.

Revendications du Collectif” :
Que le ministère de l’Agriculture considère à nouveau la filière bio comme une branche d’activité d’avenir, et qu’il propose un juste plan de soutien d’urgence, en phase avec les plans de soutien des filières conventionnelles, soit entre 150m€ et 300m€

Pour info, voici les budgets alloués à la bio:

  • 10m€ d’urgence pour la bio annoncés au Salon de l’Agriculture +
  • 1,25m€ de pédagogie/publicité +
  • une enveloppe de 60m€ – non exclusifs bio – pour les exploitations victimes de catastrophes climatiques : que met-on derrière “Catastrophe climatique”? Et pour combien de temps…
  • + une obligation pour les établissements publics d’au moins 50% de produits de “qualité” – euh… – et 20% de produits Bio soit un total de soutien par la demande d’environ 120m€: d’ailleurs pourquoi ne pas mettre directement 70% de produits Bio/Biodynamiques..?

Comme vous pouvez le constater, ces fonds sont souvent indirects – pas dans la poche des fermiers – hypothétiques et éparses. Bien loin du crédit d’impôt directement alloué aux exploitants certifiés HVE.

Pour vous joindre à nous:

  • Une pétition est en ligne ici
  • Un tract téléchargeable avec QR Code – que vous trouverez également sur les cartons expédiés par HOPSTORE – vous permettra de communiquer et inviter votre écosystème à participer à ce mouvement

Parce que la pérennité de nombreuses activités dont la nôtre en dépend et parce que les abus deviennent insupportables, nous nous mobilisons pour Sauver l’agriculture Bio. Rejoignez-nous!

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